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Le gouvernement Attal démissionnaire a tenu 51 jours : une durée record, mais encore loin de la Belgique

Jeudi 5 septembre, jour de la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre, cela faisait 51 jours que la démission du gouvernement Attal avait été acceptée par le président Emmanuel Macron. Le premier ministre et son équipe géraient depuis cette date les « affaires courantes », dans l’attente d’un gouvernement issu des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
Depuis l’avènement de la Vᵉ République en 1958, c’est la première fois que cette période de transition entre deux gouvernements dépasse neuf jours (ce record avait été établi en 1962 par le premier gouvernement Pompidou, sous la présidence de Charles de Gaulle) – même s’il est permis de compter différemment avec le vote de censure du 5 octobre 1962, comme le font remarquer nos confrères de Libération.
Ce graphique représente la longévité au pouvoir des gouvernements démissionnaires des IVe et Ve Républiques comparée à celle du gouvernement Attal, dès lors qu’elle est égale ou supérieure à sept jours.
Cette longue période de latence est même supérieure au record de trente-huit jours établi par le gouvernement Mayer en 1953, sous la IVᵉ République – alors que la Constitution de la Vᵉ a justement été pensée pour remédier à l’instabilité de sa prédécesseure.
Réputé pour son instabilité, ce régime avait vu vingt-quatre gouvernements se succéder en douze ans (1946-1958), notamment du fait de la prédominance du Parlement dans les institutions : celui-ci contrôlait étroitement le gouvernement au sein d’une Assemblée nationale fragmentée en trois grandes forces. Le mode de scrutin à la proportionnelle (par département) contraignait les députés à former des alliances pour dégager des majorités, puis à les rompre au gré des événements politiques. Les gouvernements, qui n’avaient aucun moyen de passer outre l’Assemblée – le 49.3 n’existait pas –, étaient fréquemment renversés ou contraints de démissionner, et restaient en moyenne treize jours pour gérer les affaires courantes.
Malgré ce record, le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal était loin de concurrencer d’autres régimes parlementaires : la Belgique a vécu 541 jours sans gouvernement de plein droit en 2010-2011, le Liban 396 jours en 2020-2021, et l’Espagne 121 jours en 2023.
Ce graphique représente, par ordre chronologique, la longévité de plusieurs gouvernements démissionnaires dans le monde au XXIe siècle.
Par ailleurs, nos voisins belges n’ont plus de gouvernement fédéral non plus depuis les élections législatives du 9 juin 2024. Le gouvernement démissionnaire gère les affaires courantes du royaume, une situation qui commence à inquiéter les Belges.
Pierre Breteau
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